Charles-Louis-Eugène Koechlin, né le 27 novembre 1867 à Paris et mort le 31 décembre 1950 au Canadel (Var). Reçu à l’École polytechnique en 1887, il se charge de faire des « arrangements » du petit orchestre d’élèves et instrumente la première ballade de Chopin. Ne pouvant plus entreprendre la carrière d’officier de marine ou d’astronome à laquelle il aspire, il démissionne et entre au Conservatoire de Paris où il a Antoine Taudou comme professeur d’harmonie, et Jules Massenet et André Gedalge comme professeurs d’harmonie et de composition. Son monumental Traité de l’orchestration en 4 volumes (1941) aborde, entre autres, le mélange des couleurs et des nuances, ce qui lui vaut le qualificatif d’« alchimiste des sons », compositeur et chef-invité de l’Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart. Ce Traité reste, aujourd’hui encore, un ouvrage de référence en France et à l’étranger.
Des études dans la classe d’histoire de la musique de Bourgault-Ducoudray stimulèrent l’intérêt de Koechlin pour la modalité et le chant populaire. En 1915, il donna une conférence sur l’enseignement au Conservatoire, suivie d’un concert comprenant quelques chansons bretonnes harmonisées par Bourgault-Ducoudray. Il avait déjà écrit des thèmes dans un style populaire pour ses œuvres instrumentales, sans se lancer dans un travail d’arrangement de grande envergure. Il franchit le pas en 1931, lorsqu’il choisit vingt pièces du Barzaz-Breiz : cette compilation de chants populaires et légendes de Bretagne rassemblés par Théodore Hersart de la Villemarqué. Lors de sa première édition en 1839 ; l’ouvrage avait connu un important retentissement, corroboré par ses rééditions successives (fait encore rare pour l’époque, les textes étaient donnés avec leur mélodie, enrichis de commentaires historiques et ethnographiques). Koechlin confia le chant au violoncelle et composa l’accompagnement pianistique. En 1934, il sélectionna douze pièces, qu’il publia en deux recueils de six chants chacun. La même année, il orchestra les vingt titres. Il avait conservé la ligne mélodique d’origine et conçu son environnement de façon à rester dans l’esprit du chant populaire. Couleur modale, écriture dépouillée (Azénor la pâle, Le faucon), quintes parallèles (Les trois moines rouges, L’épousée du croisé), accords parallèles de trois sons (Saint Eflam et le roi Arthur) mais aussi chromatisme nuançant l’échelle modale (Le vin des Gaulois) : l’écrin se place toujours au service de l’objet qu’il enveloppe. Un troisième recueil resta longtemps inédit.