Olivier Lacour, violoncelle

Olivier Lacour, né le 6 mars 1968

Entrée au CNSM de Lyon dans la classe de Reine Flachot à l’âge de 14 ans Obtient le DNSPM en juin 86
A 16 ans participe à l’OFJ sous la direction d »Emmanuel Krivine et à 19 ans participe en tant que soliste de l’OFJ à des tournées en Israël et en Grèce sous la direction de Marius Constant.
Perfectionnement auprès de Janos Starker , David Geringas au cours de diverses master classes.
A 20 ans entre à l’Orchestre Philharmonique de Radio France puis en 1993 intègre l’Orchestre de Paris en tant que 3 eme soliste.
Reçu violoncelle solo à l’Orchestre du Capitole de Toulouse en 1999 il choisira finalement la Bretagne où il occupe le poste de violoncelle solo depuis 2000.
Membre du trio verlaine de 1996 à 2000 avec Claire Rapin ( violon) et Sophia Vaillant (piano)
Nombreux concerts en musique de chambre avec les solistes de l’Orchestre de Bretagne et des pianistes comme Agnès Postec , Michel Dalberto , Franck Braley ,François Dumont, Vincent Cocq, Sophia Vaillant ou Elisa Bellanger, Maxime Leschiera.
Olivier Lacour se produit aussi régulièrement en soliste avec l’Orchestre de Bretagne, l, Orchestre du CPMA d’Annecy , l’ Orchestre Universitaire de Rennes ou l’orchestre des jeunes d’ile de France dans un répertoire allant de Haydn au deuxième concerto de Philippe Hersant à l’Opéra de Rennes en 2010 et le double concerto de Vivaldi avec Anne Gastinel en 2017.
Olivier Lacour enseigne le violoncelle au pôle d’enseignement supérieur Bretagne /Pays de Loire depuis sa création.

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Gaspard Dehaene, piano

Né en 1987, Gaspard Dehaene obtient en 2012 son Master au CNSMD de Paris, dans les classes de Bruno Rigutto et Denis Pascal. Admis au Mozarteum de Salzbourg auprès de Jacques Rouvier, il approfondit son art avec Rena Shereshevskaya à l’École Normale de Musique et obtient parallèlement, en 2017, son Master d’accompagnement vocal avec Anne Le Bozec au CNSMD de Paris. Lauréat du Concours International de San Sebastian et Grand Prix du Concours Alain Marinaro, il reçoit aussi, en 2013, le Prix Annecy Classic Festival ainsi qu’une mention spéciale pour l’interprétation de la pièce Une page d’éphéméride de Pierre Boulez, qu’il a eu le privilège d’étudier avec le compositeur lui-même et de créer en 2007. Gaspard Dehaene se produit dans de nombreux festivals en France – La Roque d’Anthéron, Radio France Montpellier, La Folle Journée, les Flâneries musicales de Reims, l’Orangerie de Sceaux, les Moment musicaux de l’Hermitage de La Baule… -, ainsi qu’à l’étranger – en Europe mais aussi au Maroc, en Nouvelle-Calédonie et à Pékin. Chambriste passionné partageant la scène avec Pierre Génisson, Romain Guyot, Solenne Païdassi, Victor Julien-Laferrière, Gérard Caussé ou Adrien La Marca, il est un partenaire privilégié d’Adrien Boisseau, avec lequel il a déjà enregistré deux albums chaleureusement accueillis par la presse. Par ailleurs, son premier disque solo, dédié à la forme “Fantaisie”, est paru à l’automne 2016 sous le label 1001 Notes. Lauréat en octobre 2015 du prix international Pro Musicis, Gaspard Dehaene a été nommé artiste “Génération Spedidam” pour les années 2017-2019. Ses derniers engagements l’ont mené au OJI Hall de Tokyo et au Guggenheim Museum de New York, ainsi qu’à la Philharmonie de Paris qui l’a vu interpréter, avec l’Orchestre Pasdeloup, le 1er Concerto de Liszt.

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Cyrile Robert, alto

Originaire de Poitiers, Cyrile Robert se perfectionna auprès de grands noms comme Michel Michalakakos, Bruno Pasquier, Christophe Gaugué et Tasso Adamopoulos.
Passionné de musique de chambre il est co-fondateur du quatuor Tana.
Très vite attiré par le métier d’orchestre, il fit partie des orchestres Lamoureux et Poitou-Charentes avant d’entrer à l’Orchestre National du Capitole de Toulouse.
En 2011, il rejoint l’Orchestre Symphonique de Bretagne au poste d’Alto-solo avec lequel il a pu se produire en soliste, notamment aux côtés de Laurent Korcia, ainsi qu’en musique de chambre avec Anne Gastinel, Cédric Tiberghien, Mickaël Barenboim et très prochainement Augustin Dumay.

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Fabien Boudot, violon

Violoniste engagé et passionné, Fabien Boudot intègre le prestigieux Orchestre de Paris en 2000 après deux années en tant que soliste à l’Orchestre National des Pays de la Loire.
Il s’y produit sous la direction de grands chefs tels que Pierre Boulez, Lorin Maazel, Riccardo Chailly, Esa-Pekka Salonen, Herbert Blomstedt, Christoph Eschenbach, Paavo Jarvi et Daniel Harding.
Parallèlement à son activité au sein de l’Orchestre de Paris, il travaille également avec de nombreux ensembles, Malher Chamber Orchestra, Ensemble les Dissonances, European Camerata, les Solistes du Luxembourg. Premier Prix du Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris dans la classe de Pierre Doukan et Olivier Charlier en 1994, il y continue ses études en quatuor à cordes avec Michel Michalakakos ainsi qu’à la Musik-Akademie de Bâle avec Hatto Beyerle et Walter Levin.
Premier violon du Quatuor à Cordes Brancusi avec lequel il obtient de nombreux prix (FNAPEC, Concours International de Musique Française de Guérande, Concours International de Musique de chambre d’ Illzach) et suit des master-classes auprès de célèbres quatuors ( Amadeus, Alban Berg, Ysaye, Hagen).
Sa passion pour la musique de chambre l’amène à se produire en France comme à l’étranger avec des musiciens de renom tels que Roland Pidoux, Eric Le Sage, Franck Braley, Sarah Nemtanu, André Cazalet, David Grimal, Roland Daugareil, Paul Meyer, Henri Demarquette, le Quintet Moraguès.
Fabien Boudot attache également une grande importance à la transmission auprès des jeunes en enseignant la musique de chambre et le métier d’orchestre au Festival de Verbier, à l’Orchestre Français des Jeunes et l’Atelier Ostinato, ainsi que vers le monde amateur au sein de l’Orchestre Symphonique et Lyrique de Paris.
En 2017 il est nommé violon solo de l’Orchestre symphonique de Bretagne

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Victoire Bunel, mezzo-soprano

Victoire Bunel reçoit une formation musicale des plus solides à la Maîtrise de Radio France (dir.Toni Ramon). Elle sera ensuite diplômée du Département Supérieur pour Jeunes Chanteurs en 2013 (dir. Laurence Equilbey) et du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en juin 2018 (Master mention Très bien à l’unanimité avec les félicitations du jury).

La jeune mezzo-soprano s’intéresse à de nombreux répertoires. On peut l’entendre régulièrement dans des récitals, avec orchestre (avec entre autre Martin Gester ou Emmanuelle Haïm), mais aussi avec piano avec Sarah Ristorcelli avec qui elle forme un duo qui a été récompensé au Concours International de Mélodie Française de Toulouse et qu’on a pu entendre au Petit Palais, au Théâtre Impérial de Compiègne, au Wigmore Hall à Londres ou encore sur France Musique dans l’émission de Gaëlle Le Gallic Génération jeunes interprètes.

Passionnée par le jeu d’acteur, Victoire Bunel se consacre aussi à l’opéra. Elle fait ses débuts dans le rôle de Valetto dans L’incoronazione di Poppea de Monteverdi. On l’entendra ensuite dans le rôle de Mélisande dans Pelléas et Mélisande de Debussy, de Jenny dans l’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill au Shoreditch Town Hall à Londres, mais aussi de Speranza dans l’Orfeo de Monteverdi au festival de Beaune. Plus récemment elle était Théone dans Phaéton de Lully en Russie et à l’Opéra Royal de Versailles avec le Poème Harmonique, Paula dans une création de Thomas Nguyen à l’Opéra de Reims, Le Miroir d’Alice ainsi que Siegrüne dans Les Walkyries de Wagner à l’Auditorium Bordeaux. Prochainement elle chantera des extraits des Nuits d’été de Berlioz à la Halle aux Grains de Toulouse dans une série de concert hommage à Nijinski.

Victoire Bunel bénéficie du soutien de la Fondation Meyer, de la Fondation Safran et de la Fondation Accenture.

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Anne Queffélec, piano

Anne Queffelec. Paris, 05/02/2014. Photo Caroline Doutre

Considérée comme l’une des plus grandes personnalités du piano d’aujourd’hui, Anne Queffélec jouit d’une notoriété internationale et d’un rayonnement exceptionnel sur la vie musicale.

Fille et sœur d’écrivains, passionnée elle-même de littérature, c’est vers la musique qu’elle se tourne dès son plus jeune âge. Après des études au conservatoire de Paris, Anne Queffélec reçoit à Vienne l’enseignement d’Alfred Brendel. Les succès remportés dans les concours internationaux de Munich (Premier Prix à l’unanimité en 1968) et Leeds (Prix en 1969) ne tardent pas à faire d’elle une soliste invitée à travers le monde. Plébiscitée en Europe, au Japon, Hongkong, Canada, États-Unis… les plus grandes formations orchestrales l’invitent – London Symphony, London Philharmonic, Philharmonia Orchestra, BBC Symphony, Academy of St. Martin in the Fields, Tonhalle de Zurich, Orchestre de chambre de Lausanne, Tokyo NHK Orchestra, Ensemble Kanazawa, Hongkong Philharmonic, Orchestres National de France et Philharmonique de Radio France, Strasbourg, Lille, Philharmonie de Prague, Kremerata Baltica, Sinfonia Varsovia… sous la direction de chefs prestigieux – Boulez, Gardiner, Jordan, Zinman, Eschenbach, Conlon, Langrée, Belohlavek, Skrowacewsky, Casadesus, Lombard, Guschlbauer, Zecchi, Foster, Holliger, Janowski…

Nommée « Meilleure interprète de l’année » aux Victoires de la Musique 1990, Anne Queffélec a joué à plusieurs reprises aux « Proms » de Londres, aux festivals de Bath, Swansea, King’s Lynn, Cheltenham, Händel-Festspiele Göttingen ; elle est aussi régulièrement à l’affiche des festivals français tels La Chaise-Dieu, Radio France Montpellier, Strasbourg, Besançon, Bordeaux, Dijon, La Grange de Meslay, La Folle Journée de Nantes, La Roque d’Anthéron où elle a donné entre autres l’intégrale des Sonates de Mozart au cours de six concerts diffusés en direct sur France Musique confirmant son affinité passionnée avec l’univers mozartien. Anne Queffélec a participé à l’enregistrement de la bande sonore d’Amadeus, sous la direction de Sir Neville Marriner.

À la scène comme pour ses enregistrements, Anne Queffélec cultive un répertoire éclectique. En témoigne sa riche discographie : elle a consacré plus d’une quarantaine d’enregistrements à Scarlatti, Schubert, Liszt, Chopin, Bach, Debussy, Fauré, Mendelssohn, Satie, l’œuvre intégrale de Ravel et de Dutilleux, Mozart, Beethoven, Haendel, Haydn gravés respectivement chez Erato, Virgin Classics, Mirare.

Parmi les dernières parutions, on peut compter « Satie & Compagnie » un album gravé chez Mirare élu « Diapason d’Or » de l’année 2013, un double CD « Ravel, Debussy, Fauré » paru chez Erato (2014), « Ombre et Lumière » un disque consacré à Domenico Scarlatti gravé chez Mirare (2015). Ces deux derniers CDs remportent également un immense succès et sont tous deux distingués par un « Diapason d’Or ». En juin 2016, le « BBC Magazine » met à l’honneur Anne Queffélec en éditant plusieurs de ses enregistrements « Live ». En septembre 2016, « Diapason » choisit son enregistrement du Concerto en sol de Ravel dans ses « indispensables ».

« Anne Queffélec : la découverte d’une âme » Münchener Zeitung

Lu dans la presse

« La pianiste sculpte le silence dans la chair de la note. Sa quête de sens autorise ce sentiment rare que la musique semble connaître l’interprète mieux qu’elle-même. Les notes se libèrent pour aller à un essentiel que chacun peut savourer en son for intérieur. »

Le Figaro

Laurent Le Flécher

Laurent Le Flécher fait ses études au C.N.S.M. de Paris et remporte un Premier Prix de violon et un Premier Prix de musique de chambre. Après son cycle de perfectionnement en musique de chambre dans la classe de Jean Mouillère, il intègre la classe de Vera Reynolds au Curtis Institute de Philadelphie et poursuit sa formation auprès des Quatuor Amadeus, Quatuor Alban Berg et Beaux-arts Trio.
Il participe à de nombreux grands concours internationaux et remporte les distinctions suivantes : 3e Prix au Concours international de musique de chambre de l’ARD de Munich, Premier Grand Prix au Concours international Pierre Lantier à Paris, 2e Prix au Concours international de musique française de Guérande, finaliste au Concours de Florence.

Laurent Le Flécher se produit aussi bien en France qu’à l’étranger, Festival Radio-France de Montpellier, Capitole de Toulouse, Festival des chapelles, Théâtre du Châtelet, Opéra Comique, Salzbourg, Prague, Luxembourg, Italie, Suisse, Belgique, Pays-Bas, République Tchèque,Russie…
Régulièrement invité à participer à des émissions de radio telles Carrefour de Lodéon et Plaisirs d’amour sur France Inter, France Musique, Radio suisse-romande, RTBF, il a dernièrement été l’invité de Jean-François Zygel dans La Boîte à musique, sur France 2, avec le Trio Élegiaque, dont il est membre fondateur avec Virginie Constant, violoncelle et François Dumont, piano.

Laurent Le Flécher a joué, notamment, avec Michel Dalberto, Andre Cazalet, Juliette Hurel, Benoit Fromanger, il est également Directeur artistique du Festival de Pornic.

Après les Trios de Maurice Ravel et Ernest Chausson avec le Trio Archipel, son premier enregistrement avec le Trio Élegiaque consacré au Trio de Pascal Dusapin et au Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen a été récompensé d’un Diapason d’or.

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Eloge de la mauvaise musique

– Marcel Proust –

Détestez la mauvaise musique, ne la méprisez pas. Comme on la joue, la chante bien plus, bien plus passionnément que la bonne, bien plus qu’elle s’est peu à peu remplie du rêve et des larmes des hommes. Qu’elle vous soit par là vénérable. Sa place, nulle dans l’histoire de l’Art, est immense dans l’histoire sentimentale des sociétés. Le respect, je ne dis pas l’amour, de la mauvaise musique, n’est pas seulement une forme de ce qu’on pourrait appeler la charité du bon goût ou son scepticisme, c’est encore la conscience de l’importance du rôle social de la musique. Combien de mélodies, du nul prix aux yeux d’un artiste, sont au nombre des confidents élus par la foule des jeunes gens romanesques et des amoureuses. Que de « bagues d’or », de « Ah! Reste longtemps endormie », dont les feuillets sont tournés chaque soir en tremblant par des mains justement célèbres, trempés par les plus beaux yeux du monde de larmes dont le maître le plus pur envierait le mélancolique et voluptueux tribut – confidentes ingénieuses et inspirées qui ennoblissent le chagrin et exaltent le rêve, et en échange du secret ardent qu’on leur confie donnent l’enivrante illusion de la beauté. Le peuple, la bourgeoisie, l’armée, la noblesse, comme ils ont les mêmes facteurs porteurs du deuil qui les frappe ou du bonheur qui les comble, ont les mêmes invisibles messagers d’amour, les mêmes confesseurs bien-aimés. Ce sont les mauvais musiciens. Telle fâcheuse ritournelle que toute oreille bien née et bien élevée refuse à l’instant d’écouter, a reçu le trésor de milliers d’âmes, garde le secret de milliers de vies, dont elle fut l’inspiration vivante, la consolation toujours prête, toujours entrouverte sur le pupitre du piano, la grâce rêveuse et l’idéal. tels arpèges, telle « rentrée » ont fait résonner dans l’âme de plus d’un amoureux ou d’un rêveur les harmonies du paradis ou la voix même de la bien-aimée. Un cahier de mauvaises romances, usé pour avoir trop servi, doit nous toucher, comme un cimetière ou comme un village. Qu’importe que les maisons n’aient pas de style, que les tombes disparaissent sous les inscriptions et les ornements de mauvais goût. De cette poussière peut s’envoler, devant une imagination assez sympathique et respectueuse pour taire un moment ses dédains esthétiques, la nuée des âmes tenant au bec le rêve encore vert qui leur faisait pressentir l’autre monde, et jouir ou pleurer dans celui-ci.

Extrait de « Les plaisirs et les jours », Chapitre XIII

Marcel Proust et la musique

Dans cette lettre importante du 20 avril 1918, adressée à Jacques de Lacretelle (1888 – 1985), Marcel PROUST s’explique clairement sur l’origine des personnages figurant dans le premier tome de son œuvre (« Du côté de chez Swann ») comme sur les pièces musicales dont il s’est inspiré pour « composer » la Sonate de Vinteuil.

Paris, 20 avril 1918

Cher ami,

Il n’y a pas de clefs pour les personnages de ce livre ; ou bien il y en a huit ou dix pour un seul ; de même pour l’église de Combray, ma mémoire m’a prêté comme « modèles » (a fait poser), beaucoup d’églises. Je ne saurais plus vous dire lesquelles. Je ne me rappelle même plus si le pavage vient de Saint-Pierre-sur-Dives ou de Lisieux. Certains vitraux sont certainement les uns d’Evreux, les autres de la Sainte-Chappelle et de Pont Audemer. Mes souvenirs sont plus précis pour la Sonate. Dans la mesure où la réalité m’a servi, mesure très faible à vrai dire, la petite phrase de cette Sonate, et je ne l’ai jamais dit à personne, est (pour commencer par la fin), dans la soirée Sainte-Euverte, la phrase charmante mais enfin médiocre d’une Sonate pour piano et violon de Saint-Saëns, musicien que je n’aime pas. (Je vous indiquerai exactement le passage qui vient plusieurs fois et qui était le triomphe de Jacques Thibaut.) Dans la même soirée un peu plus loin, je ne serais pas surpris qu’en parlant de la petite phrase j’eusse pensé à l’Enchantement du Vendredi Saint. Dans cette même soirée encore quand le piano et le violon gémissent comme deux oiseaux qui se répondent j’ai pensé à la Sonate de Franck surtout jouée par Enesco (dont le quatuor apparaît dans un des volumes suivants). Les trémolos qui couvrent la petite phrase chez les Verdurin m’ont été suggérés par un prélude de Lohengrin mais elle-même à ce moment-là par une chose de Schubert. Elle est dans la même soirée Verdurin un ravissant morceau de piano de Fauré. Je puis vous dire que (Soirée Sainte-Euverte) j’ai pensé pour le monocle de M. de Saint-Candé à celui de M. de Bethmann (pas l’Allemand, bien qu’il le soit peut-être d’origine, le parent des Hottinguer), pour le monocle de M. de Forestelle à celui d’un officier frère d’un musicien qui s’appelait M. d’Ollone, pour celui du général de Froberville au monocle d’un prétendu homme de lettres, une vraie brute, que je rencontrais chez la Princesse de Wagram et sa soeur et qui s’appelait M. de Tinseau. Le monocle de M. de Palancy est celui du pauvre et cher Louis de Turenne qui ne s’attendait guère à être un jour apparenté à Arthur Meyer si j’en juge par la manière dont il le traita un jour chez moi.

Le même monocle de Turenne passe dans le Côté de Guermantes à M. de Bréauté je crois. Enfin j’ai pensé pour l’arrivée de Gilberte aux Champs-Elysées par la neige, à une personne qui a été le grand amour de ma vie sans qu’elle l’ait jamais su (ou l’autre grand amour de ma vie car il y en a au moins deux) Mlle Benardaky, aujourd’hui (mais je ne l’ai pas vue depuis combien d’années) Princesse Radziwill. Mais bien entendu les passages plus libres relatifs à Gilberte au début de A l’ombre des Jeunes filles en fleurs ne s’appliquent nullement à cette personne car je n’ai jamais eu avec elle que les rapports les plus convenables. Un instant, quand elle se promène près du Tir aux Pigeons, j’ai pensé pour Mme Swann à une cocotte admirablement belle de ce temps-là qui s’appelait Clomesnil. Je vous montrerai des photographies d’elle. Mais ce n’est qu’à cette minute-là que Mme Swann lui ressemble. Je vous le répète, les personnages sont entièrement inventés et il n’y a aucune clef. Ainsi personne n’a moins de rapports avec Madame Verdurin que Madame de Briey. Et pourtant cette dernière rit de la même façon. Cher ami, je vous témoigne bien maladroitement ma gratitude de la peine touchante que vous avez prise pour vous procurer ce volume en le salissant de ces notes manuscrites. Pour ce que vous me demandez de copier, la place manquerait mais si vous le voulez je pourrai le faire sur des feuilles détachées que vous intercalerez. En attendant je vous envoie l’expression de mon amicale reconnaissance.

Marcel PROUST

LES SOIRÉES CHEZ LES VERDURIN

 Causerie de Jean-Yves Tadié

Dans une deuxième causerie, Jean-Yves Tadié évoquera la peinture satirique du public  musical, de ses goûts de ses attitudes, faite par Marcel Proust lorsqu’il décrit les soirées chez les Verdurin. Mais c’est aussi l’occasion de découvrir, à l’audition d’une sonate ou d’un quintette, tous les sens superposés de la musique.